L’Éros et le Logos sont les deux archétypes ancestraux animant l’homme et la femme depuis toujours.
Ces deux forces signifiantes et agissantes fondamentales vont nous permettre de mieux comprendre les besoins et différences spirituels de l’homme et de la femme.
Nous allons ici considérer des archétypes, ce qui pourra résonner par monument comme des stéréotypes. N’y voyez aucun cliché réducteur ou conclusion définitive, ces généralités visent à mieux intégrer ces réalités ontologiques millénaires. Naturellement, certains hommes sont plus sensibles et féminins, tout comme d’autres femmes sont plus masculines et mentales.
Dans un autre article, nous évoquions l’animus et l’anima chers à Car Gustav Jung, qui sont respectivement l’inconscient masculin de la femme et l’inconscient féminin de l’homme.
Probablement y a-t-il une référence aux origines ancestrales de l’être humain qui pour la plupart est androgyne. Car il semble utile de rappeler que les mythes narrant les origines de l’homme évoquent cette disposition double, propre également à toute la création. Ainsi le masculin et le féminin, la conscience et l’inconscient, le terrestre et le céleste nourrissent une relation secrète et occultée pourtant primordiale.
Platon est probablement l’un des plus connus pour cette métaphore des mystères de l’amour qui désigne par la même les origines réelles du genre humain :
« C’était l’espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, mâle et femelle, dont elle était formée ; aujourd’hui elle n’existe plus et c’est un nom décrié. De plus, chaque homme était dans son ensemble de forme ronde, avec un dos et des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes, deux visages tout à fait pareils sur un cou rond, et sur ces deux visage opposés une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération et tout le reste à l’avenant. (...)
Ils étaient aussi d’une force et d’une vigueur extraordinaires, et comme ils avaient de grands courages, ils attaquèrent les dieux. (…)
Zeus trancha ainsi : « Je vais immédiatement les couper en deux l’un après l’autre ; nous obtiendrons ainsi le double résultat de les affaiblir et de tirer d’eux d’avantage, puisqu’ils seront plus nombreux. »
Ainsi naquit le mythe des âmes sœurs ou comment l’être humain commença éperdument à chercher cette moitié qui lui fait si cruellement défaut.
Cette moitié perdue va bien au-delà de la considération sentimentale. Il s’agit d’une perte, un manque fondamental et essentiel de ce qui lui a été retiré : l’autre moitié de son entièreté, ce qui le rendait complet, un et indivisible, à l’image de son créateur.
Ce qui semble confirmé par la forme ronde évoquée par Platon, le cercle, qui symbolise le divin.
Ce sentiment de perte ou de manque annonce le commencement de la quête spirituelle et héroïque. Car le héros est celui qui s’arrache à sa condition profane pour aller chercher l’or spirituel qui sommeille en lui.
Dans la vie des tous les jours, bien des attitudes et comportements résultent des influences inconscientes de l’anima et de l’animus, de l’Éros et du Logos.
L’Éros, la force de vie, l’âme, le désir, la passion, le plaisir, l’attraction mais aussi la répulsion, l’amour, mais aussi la haine, avec toutes ses nuances subjectives.
Le Logos, la force de l’esprit, l’intellect, la raison, la sagesse, la logique, le rationnel, la discrimination, le discernement, avec toutes ses nuances objectives.
Évidemment, l’Éros et le Logos comportent des parts lumineuses et d’autres plus sombres.
Ainsi les hommes sont naturellement plus à l’aise avec le monde rationnel, l’intellect et les objets, les idées et concepts, alors que les femmes sont plus réceptives au monde irrationnel, l’intuition, la subjectivités des relations et des sentiments.
À contrario, les hommes sont moins réceptifs à cette sphère irrationnelle, subtile et mystérieuse, alors que les femmes éprouvent plus de difficultés avec tout ce qui touche à la sphère mentale, la logique et à la raison.
C’est un lieux commun de dire qu’une majorité d’hommes est obnubilée par le sexe, et que les femmes recherchent continuellement la discussion et le dialogue, quitte à passer parfois pour des commères.
Chacun se retrouve alors manipulé inconsciemment par l’archétype qui lui fait consciemment défaut.
Quand les uns recherchent ardemment et aveuglément une nouvelle jouissance, les unes entretiennent continuellement des gesticulations volubiles. L’inconscient respectif de chacun continuant de nous manipuler tant que nous ne le conscientisons pas.
Les hommes subissent l’emprise ténébreuse de l’Éros, quand les femmes pâtissent des influences sombre du Logos.
On pourra également faire un lien opportun avec le Doppelgänger, une figure présente notamment dans la mythologie germanique et nordique. Ce dernier est décrit comme une copie, un double de l’individu, ou version alternative souvent maléfique (son autre nom : le jumeau maléfique). Le Doppelgänger est similaire au concept de « contrefacteur » dans le gnosticisme. Ou pourrait-on rajouter, il semble constituer la part ténébreuse et maléfique cachée en nous, le Satan, tant que nous ne l’aurons pas conscientisée.
Ainsi le concept d'alter ego est très commun dans de nombreuses autres cultures et croyances. Plus encore, selon certaines légendes, son apparition est perçue comme un mauvais présage, annonçant pertes et malheurs. Alter ego ontologique et existentiel, ou sentimental et romantique, je vous en laisse en juger.
Car sans la précieuse contribution du pôle opposé, les hommes se perdent dans des aspirations libidineuses, et les femmes se confondent en logorrhées.
C’est un fait, le masculin ne peut se réaliser sans le féminin, et le féminin ne peut se réaliser sans le masculin.
Ou dit autrement, le Logos et l’Éros sont deux formidables pôles existentiels condamnés à s’entendre si nous espérons triompher des épreuves de l’existence.
Cette alliance essentielle ne peut se faire qu’à la contribution réciproque des deux parties :
Le don de libido est un compromis auquel la femme consent, lui permettant de surmonter l’animus inférieur et ses justifications méfiantes et sempiternelles.
Le don d’esprit est un compromis auquel l’homme consent, lui permettant de surmonter l’anima inférieur et ses projections libidineuses et débordantes.
Cette mystérieuse équation vieille comme le monde n’a pas finit de nous livrer ses secrets.
L’homme recherche la vie pour en jouir et combler son anima, cette quête inconsciente de l’Éros, la femme recherche le sens pour trouver plus de sagesse et combler son animus, cette quête inconsciente du Logos.
L’homme recherche la muse inspirante, la femme recherche un guide éclairant.
Ce n’est ainsi pas sans raison que les trois fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont : jouissance, puissance (ou pouvoir) et possession.
L’être humain aspire depuis à posséder le pouvoir et la jouissance, ignorant ainsi les conséquences de cette quête frénétique et obsessionnelle.
C’est en allant explorer courageusement ses territoires inexplorés en nous-mêmes et à travers l’autre qu’il sera possible de pacifier et réconcilier ces deux pôles de notre être pour espérer faire l’expérience alchimique.
Didier
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