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ANIMUS ET ANIMA : LES DIFFICULTÉS DE COMMUNICATION DANS LE COUPLE

Photo du rédacteur: Didier SteimerDidier Steimer

Dernière mise à jour : 11 janv. 2023

Probablement avez-vous déjà entendu dire que les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus.

Cette différence fondamentale des genres est à l’origine de bien des tourments au sein du couple.




En effet, nous avons tous déjà constaté, que ce soit pour nous-même ou pour autrui, que les hommes et les femmes rencontrent souvent des difficultés à communiquer. Ainsi, probablement avez-vous relevé que les rapports hommes-femmes répètent régulièrement des schémas identiques.


Pour cette raison, l’héritage laissé par le père de la psychanalyse Carl Gustav Jung, est essentiel à considérer. Son attention était particulièrement tournée vers l’importance du rôle de l’inconscient.





UN MÉNAGE À QUATRE

Nous sommes tous dotés d’une part inconsciente. Pour les hommes, il la nomma anima, pour les femmes, animus. Ce qui reste également valable pour les couples homosexuels.


L’anima est une image innée de la femme chez l’homme, l’animus une image innée de l’homme chez la femme. Chacun s’oppose à la part consciente (moi et persona).


L’animus et l’anima ont une fonction de compensation : l’anima compense le conscient masculin, alors que l’animus compense le conscient féminin.


La relation de couple est en réalité un ménage à 4.



Car en vérité, nous sommes tous dotés des pôles féminins et masculins. Ce que confirme notamment l’astrologie puisque dans un thème natal, le Soleil et Mars représentent le masculin d’une part, et la Lune et Vénus le féminin d’autre part.

Ainsi, nous naissons incarnés dans un genre, auquel nous nous identifions consciemment, l’inconscient cristallisant quant à lui le rapport au sexe opposé. Le sujet projette inconsciemment une image, un idéal sur son partenaire, résultant de mémoires, qu’elles soient individuelles ou collectives (car il y a un inconscient personnel et un inconscient collectif).


Il est difficile d’entrer en contact avec l’inconscient. Ce dernier s’exprime notamment par le biais des rêves.

Contenus inconscients d’une grande puissance énergétique, l’animus et l’anima sont des complexes dont le degré d’autonomie varie avec la distance qui sépare le conscient et l’inconscient. Autrement dit, les ingérences et désagréments augmentent proportionnellement avec la taille de l’ego.


Si cette distance est très grande, le conscient est, selon ce qui est compensé, soit entièrement fasciné par une figure d’anima ou d’animus ressentie comme merveilleuse, sublime etc…, soit au contraire effrayé par une figure d’anima ou d’animus ressentie comme mauvaise, perverse, moralement inférieure.

Chez l'homme, l'anima est projetée sur la personne d'une femme, qui se voit attribuée alors toute une série de qualités, qui en réalité appartiennent au sujet.

Ce qui diffère de chez la femme, où l'animus est à l’image d’une assemblée de pères ou d'autres porteurs de l'autorité, qui tiennent des conciliabules et qui émettent ex cathedra des jugements « raisonnables » inattaquables.

L’anima est “LA” femme dans l’homme, il va désirer conquérir une femme qui corresponde, tout au moins le croit-il, à l’image de la femme qu’il porte en lui. Dans la plupart des cas, il rencontrera de multiples déceptions, car aucune femme ne correspondra point par point à ses attentes… Cette idéal inconscient et unique peut lui faire multiplier ses conquêtes.


L’animus, contrairement à l’anima, se présente d’une manière plurielle. De ce fait il est projeté sur des hommes qui doivent posséder toutes les qualités, y compris l’omniscience !

Symboliquement, on peut rapprocher l’anima de l’éros, et l’animus du logos.


La plupart du temps, lorsque Jung parle de l’anima, il s’agit de l’image de la femme comme amante-épouse, clairement différenciée de celle de la mère, c’est-à-dire de l’archétype maternel.

Dans la psyché masculine, l’archétype de l’anima est toujours d’abord contaminé par l’image de la mère (Les Racines de la conscience, page 98). Dans la psyché féminine l’animus, inversement, est contaminé par l’image du père.


Jung les présente comme un « conglomérat héréditaire inconscient » de toutes les expériences de la lignée ancestrale au sujet de l’inconscient genré en question (L’âme et la vie). Il précise qu’il ne s’agit pas là de « notions métaphysiques mais de données empiriques concrètes, que l’on parvient, au prix de grandes difficultés, à exprimer en langage rationnel et abstrait. » (Dialectique du moi et de l’inconscient).

Le processus d’individuation cher à Jung devient envisageable en amorçant la conscientisation de nos contenus inconscients. Si ces contenus ne sont pas intégrés et "réalisés" par le sujet, il s'ensuit une activité négative de l'anima ou de l'animus. Il est ainsi nécessaire de se défaire de l’influence de l’inconscient en apprenant à reconnaître et identifier leurs manifestations types.

COMMENT RECONNAÎTRE LEURS MANIFESTATIONS ?

« Alors que l'anima est la source d'humeurs et de caprices, l'animus, lui, est la source d'opinions ; et de même que les sautes d'humeur de l'homme procèdent d'arrière-plans obscurs, les opinions acerbes et magistrales de la femme reposent tout autant sur des préjugés inconscients et des a priori. » "Dialectique du moi et de l'inconscient"



Dans la vie de tous les jours, une anima dite négative, au sens de non pacifiée, va induire chez l’homme de l’irritabilité, une impression d’insécurité et de susceptibilité, des mots acerbes, des réflexions assassines…

Dès qu'il contracte mariage, l'homme devient enfantin, sentimental, dépendant et servile, ou, dans le cas contraire, rebelle, tyrannique, susceptible, perpétuellement préoccupé du prestige de sa prétendue supériorité virile.

Il aura tendance à être égocentrique, revendicateur, instable, capricieux, susceptible et souvent de mauvaise humeur. Il lui sera alors difficile, voire impossible, d’établir des liens profonds avec les femmes. Il va plutôt chercher à contrôler sa conjointe, et exiger «qu’elle soit toute à lui», mais il la repoussera s’il a l’impression qu’elle l’envahit et cherche, elle aussi, à le contrôler. Cela a pour origine une influence négative de la mère ou que les liens avec cette dernière n’ont pas été coupés.

Si la relation à la mère a été positive, il a tendance à devenir trop sentimental ou efféminé. L’anima l’entraîne aussi vers des jeux intellectuels stériles et des discussions pseudo-philosophiques qui l’excluent de la vie réelle. L’anima, dans son versant positif, lui permet alors d’exprimer toute sa douceur, sa sensibilité, ainsi que sa capacité d’intuition et de relation profonde avec lui-même et avec les autres. Mais il restera lui-même, un homme rationnel et objectif. L’anima se manifeste positivement lorsqu’elle est reconnue et intégrée. Elle devient un éros du conscient et lui confère le lien et la relation.



Chez la femme, un animus dit négatif engendre des opinions reposant sur des préjugés inconscients et des a priori. La femme dominée par son animus, possède, ou plutôt est possédée, par des convictions qu’elle est prête à défendre avec, parfois, une violence toute masculine.

L’animus négatif ne croit pas aux exceptions. Il est fréquemment très pessimiste, dévalorisant, et émet des jugements relevant le plus souvent d’une vérité générale qui ne s’applique pas à la situation envisagée. Un point faible qui est secondaire sera transformé, au prix d'un contresens, en la thèse essentielle. Ou encore une discussion, claire en soi, se verra compliquée à l'extrême par l'adjonction de nouveaux points de vue qui, à l'occasion, n'ont rien à faire avec la discussion en cours.

La femme peut alors se montrer autoritaire, dominatrice, hyperactive, têtue. Elle cherchera à détenir le pouvoir et pourra devenir sorcière ou castratrice. Ses opinions seront tranchées et « toutes faites », comme préfabriquées et prêtes à la consommation et ses paroles acerbes et péremptoires.

A leur insu, de telles femmes ne poursuivent qu'un seul but : irriter l'homme et le faire sortir de ses gonds, le but inconscient de la manœuvre étant qu'à travers la discussion, voire l'éclat, elles n'en seront que d'autant plus rejetées psychologiquement vers leur animus et soumises à sa toute puissance.

Elle finira par dire bien trop souvent qu'elle avait raison.


L’animus, dans son versant positif, possède l’esprit d’initiative et la capacité d’agir d’une façon organisée. Il devient le médiateur de l’expérience religieuse et donne à la femme une fermeté spirituelle. Il la relie au domaine de la spiritualité et des idées créatrices. Elle y est alors encore plus réceptive que l’homme, disposant des qualités du masculin comme la rigueur, l’indépendance, la combativité, l’analyse rationnelle...





En définitive, les difficultés rencontrées au sein du couple prennent racine au-delà de l’individualité de chacun, pour enter en résonances avec les archétypes genrés et ancestraux actifs en chacun de nous depuis la nuit des temps.

La tâche de l’homme est d’assimiler les effets induits par l’anima en découvrant ses vrais sentiments, alors que la tâche de la femme est de se familiariser avec la nature de l’animus en remettant constamment en question ses idées et opinions.






Didier



Pour aller plus loin :


Dialectique du moi et de l’inconscient – Carl Gustav Jung


Les Racines de la conscience – Carl Gustav Jung


Animus et Anima - Emma Jung



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